lundi 31 août 2009

Aveyron

LES AVEYRONNAIS A PARIS

 extrait de "Paris la grande" de Philippe Meyer

Tout au plus puis je insinuer que mes deux grands-mères , l' une et l' autre aveyronnaises , m' avaient prédisposé génétiquement à poser un jour mon sac sur les rives de la Seine.Paris peut être défini comme la plus belle conquête de l' Aveyron.On ne le sait pas toujours.

Ce département , qui ne dédaigne pas de porter encore le nom de l' ancienne province qu' il fut , le Rouergue, compte plus d' enfants dans la capitale ( environ un quart de million) que sur son propre territoire , entre Saint-Afrique et Laguiole, Decazeville et Millau.Ce sont eux que les Parigots, qui englobent dans la même ignorance hautaine tout ce qui s' étend au-dela des boulevards de ceinture, baptisèrent jadis"bougnats"et assimilèrent aux Auvergnats , ce qui équivaut à confondre les Danois et les Suédois,les Turcs et les Grecs, les Chiliens et les Argentins, les Vietnamiens et les Cambodgiens.Même originaire du nord de son département , l' Aveyronnais est méridional, alors que l' Auvergnat est Auvergnat.( ou qu' Auvergnat , c' est selon.)

Rappelons que l' Aveyron a tout donné à Paris, du moins au Paris d' après Haussmann, donc à celui d' aujourd' hui.Il a d' abord porté son eau et son bois aux étages, puis son charbon.Il a essaimé sur tout le territoire de la capitale les bistrots qui furent si longtemps l' âme des quartiers, comme on parle de l' âme d' un violon.

Il a inventé Saint-Germain-des-Près: Lipp est une trouvaille d' Aveyronnais, les Deux Magots et le Flore étaient , jusqu'à ce que, récemment, tout foute le camp, possédés et tenus par des Rouergats.

L' Aveyron a fourni à Montparnasse deux de ses hauts lieux, pour ne pas dire de ses institutions, La Coupole, démolie puis reconstruite " à l' identique" c' est -à-dire contrefaite et sans esprit, et Le Dôme, qui, bien que le Rouergue soit, comme la Bolivie , injustement privé d' accès à la mer, figure parmi les très bons restaurants de poissons de la ville.

L' Aveyron veille sur la soif de Paris: ce sont deux de ses enfants qui fournissent en bière comme en café,en limonade comme en sodas, la totalité des débits de boisson à l' intérieur du périphérique.

Je ne compte pas pour rien l' apport de l' Aveyron à la vie spirituelle de la capitale.Des innombrables prêtres issus des rangs de ceux que l' on nommait les " chouans du Midi" et montés de leur département pour baptiser,marier,confesser,administrer et enterrer les Parisiens, émergent des figures d' archevêques dont on se souvient Mgr Affre , qui périt surles barricades en juin 1848 en appelant à mettre un terme à la violence, le cardinal Verdier, au détour des années trente, puis le cardinal Marty, qui fut accueilli à Paris par d' autres barricades, celles de mai 68, et dont demeure l' image d' un bon pasteur de campagne tenant tête avec sérénité à l' agitation parisienne et tâchant d' y mettre un peu de douceur évangélique et surtout de modestie.N' est ce pas lui qui, rencontrant le prince de Galles lors d' une cérémonie à l' Elysée, lui demanda, après l' échange de saluts:" alors, comment vont le papa et la maman?" ( le Rouergat est ainsi fait: les grandeurs d' établissement ne lui tournent pas la tête. Il est d' ailleurs rare qu' il s' égare dans la politique...)L' actuel cardinal-archevêque, enfin Jean-Marie Lustiger, bien que né à Paris, juif et fils de Polonais, trouva refuge pendant la guerre à Aubin, dans le bassin minier de l' Aveyron, et il célèbre volontiers la sociabilité d' un département où il aime à retourner et dont il se considère comme un fils adoptif......

Si l' on ajoute que les enfants des bistrots sont devenus normaliens, polytechniciens, centraliens, agrégés, docteurs et , pour les moins bien doués d' entre eux , énarques, on comprend pourquoi les Aveyronnais qui tiennent la ville réelle, celle qui boit et qui mange , et qui ont placé leur descendance au coeur de la ville symbolique, celle qui pense,qui enseigne, qui cherche et qui administre soutiennent sans rire que PARIS N'EST QU' UNE COLONNIE DU ROUERGUE l' une de ses possessions éloignées.




RAP de L' AVEYRON


http://www.youtube.com/watch?v=qp7t5ZW9fm4&feature=player_embedded




Je suis aujourd'hui' hui à la veille de la rentrée.....c' est un moment que je redoute après avoir passé quelques jours dans le berceau de ma famille , un petit village du midi , niché au creux d' une vallée où coule une rivière tellement claire qu' on peut y apercevoir les galets.Quand on roule en direction de ce petit paradis il faut bien huit à neuf heures de route pour s' adapter aux différences de paysages , de climat et surtout de mode de vie.
Fini l' anonymat des villes de banlieue ,bienvenue au pays !
Tout à commencé la veille par des coups de fils aux amis pour les avertir que nous arrivons le lendemain. Résultat tout le monde est au courant de notre venue! il y a ceux qui nous ont déjà invité à dîner pour nous éviter une fatigue supplémentaire après un voyage si long , il y a ceux que l' on va visiter parce qu' ils sont de la famille, il y a les cousins qui ont bien grandi , et puis les gens que l' on salue d' un petit coucou de la main parce qu' on les connaît depuis toujours , et qu' avant eux on connaissait aussi leurs parents( ceux là sont de droite , de gauche , radins , culs bénis ,volages , alcooliques, prétentieux , malhonnêtes, mécréants....) et souvent leurs grands parents , sans oublier les arrière-grands parents qu' on ne connaissait pas mais dont on avait entendu parler par les grands parents déjà cités.... en gros dans mon village tout le monde connaît tout le monde sur deux ou trois générations ce qui donne une ambiance un peu particulière .....surtout que comme me le disait un ami trop tôt disparu" tout le monde se retrouve sur l' agora..." c' est à dire sur la place de l' église au lieu dit " chez Popol " le bistrot à la terrasse duquel s' échangent les derniers potins , naissances , mariages , décès , rachat de maisons,promotions professionnelle,divorces,comptes rendus des conseils municipaux , organisation de la brocante annuelle...
A la fin des vacances le village se vide de plus de la moitié de ses habitants en une semaine , les marchés de produits " du terroir" s' espacent, les fêtes votives disparaissent , et les " vieux" perturbés par l' affluence des touristes peuvent enfin retrouver toute la largeur des trottoirs , le soleil brillera encore sans discontinuer pendant de nombreuses semaines pour les chasseurs déjà impatients de courir les causses et les forêts de châtaigniers ....
Et moi demain je vais retrouver mon lycée , mais aussi mes collègues qui s' endimanchent pour l' occasion ( je n' ai jamais compris pourquoi!) ils se regrouperont par spécialités ( les profs d' atelier d' un côté , les profs du lycée de l' autre , et les profs du LEP un peu ostracisés se tiendront ensemble dans une partie du réfectoire qui accueille chaque année la grande réunion de rentrée .
Le proviseur énumérera la longue liste des inconnus qui sont partis , la non moins longue liste des inconnus qui arrivent .....de toute façon ils se ressemblent tous ....look passe partout , comptes rendu de vacances ternes , je dirai même à mourir d' ennui , longue liste de lieux commun , manque total de fantaisie et d' humour , emmerdement optimal !
Au bout de trois quarts d' heure maximum je m' ennuie à mourir , et il faut se taper la présentation de madame Dugomeau la nouvelle intendante qui vient de Nevers et qui remplace madame Durand qu' on a vu trois fois pour une histoire de tickets de cantine.....
Les nouveaux enseignants se lèvent à l' annonce de leur nom , parfois quelques applaudissements hésitants les accompagnent....la matinée se termine après la remise des emplois du temps par " l' apéritif de l' amitié......" blanquette, et feuilletés au bleu d' Auvergne au menu .....
Mais le pire reste à venir .... des classes de plus en plus chargées , de moins en moins motivées , une matière à enseigner de plus en plus méprisée , des élèves souvent insolents , bruyants et grossiers qui ne comprennent pas pourquoi " on leur prend le chou avec la culture , qui , tout le monde le sait bien NE SERT à RIEN!

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