voyage scolaire à Bordeaux

Parfois je me demande si l' on ne devrait pas être payés par le ministère de l' intérieur ou par celui   de la justice pour notre action contre la délinquance.Eh oui! même s' ils n' apprennent plus grand chose en classe ,ils n' ennuient personne dans la rue, ils sont neutralisés! Pendant qu' ils nous font bouillir à ne rien faire , ils ne dégradent pas les ascenseurs et les voitures , ne vendent pas de shit, ne brulent pas les poubelles des halls d' immeubles  , ne roulent pas bourrés , ne cherchent pas des noises à leurs petits camarades , ne taguent pas les trains, n' importunent pas les filles qui voyagent seules dans le métro...
Tant pis si pour certains ils ne s' intéressent à rien , ne font aucun effort et n' arrivent pas après trois mois d' école à ramener une boite de douze crayons de couleurs!
Nous faisons vraiment un métier passionnant!
Aujourd'hui' par exemple j' ai passé mon temps à les houspiller pour qu' ils fassent au moins semblant de travailler.Dans certaines classes nous n' avançons pas, ( ou si peu!) c' est usant .
Autre contrariété .
Ce jour, vendredi treize novembre, de dix heures et demi à midi et demi , j' ai cours avec les terminales BEP métiers de la mode et industries connexes , et j' ai du  attendre pendant vingt bonnes minutes le retour de six élèves.
Comme j' interrogeais leurs camarades à ce propos, j' ai appris que ces six jeunes filles aidaient leur prof de français à vendre des gâteaux pour financer un voyage scolaire à Bordeaux, " elles sont dans le hall avec Madame Gillet vous le savez , ce sera comme ça jusqu' au mois de Mars , madame Gillet vous l' a dit" je protestais alors que je n' étais pas d' accord et que le projet de madame Gillet n' avait pas à déborder sur mes heures de cours, sur ce furieuse j' ai couru  jusqu' au hall d' entrée du lycée , j' y découvrais trois ou quatre de mes disciples qui balayaient , rangeaient les tables , enveloppaient les marbrés au chocolat dans du papier d'aluminium....
J' étais folle de rage , et sans la moindre aménité , je leur ai ordonné de revenir en classe .
M' adressant à Madame Gillet qui visiblement n' avait pas eu conscience de l' affront qu' elle me faisait je clamais haut et fort que j' aimerai bien voir sa tête si j' agissais de la sorte avec elle !
Les ados toujours heureuses d' assister à des échanges un peu vifs entre deux profs achevèrent de pourrir l' atmosphère en racontant aux autres( une fois revenues en cours, que je faisais des histoires pour rien! et que je n' aimais pas madame Gillet).Après bien des explications elles ont tout de même fini par comprendre que la façon d' agir de madame Gillet était l' illustration du mépris dans lequel étaient tenu les arts appliqués! 
Si je récapitule bien j' ai du lutter aujourd' hui contre la passivité ( pour ne pas dire paresse) des élèves , l' indifférence  de certains profs!mais aussi les mines des crayons bon marché qui cassent , le bruit, le vol de mes feutres noirs.... la vie est belle , vivement la retraite!